Taxons apomictiques, notions d'espèce et taxinomie
Posté : mar. 3 juin 2008 10:02
Bonjour
Je vais essayer de faire un petit topo sur les espèces apomictiques, en essayant notamment de présenter ce qu'on peut faire en terme de taxonomie et de découpage ou regroupage de clones en espèces. Le but est d'arriver à une systématique utilisable par tous, même si elle doit être à plusieurs niveaux.
Définition de l'apomixie
Il s'agit d'un mode de multiplication asexuée (différent en cela de l'autogamie ou de l'allogamie), sans fécondation et avec une méiose modifiée. On distingue plusieurs formes d'apomixie selon la manière dont la méiose est modifiée.
Conséquences de l'apomixie
Comme la reproduction est asexuée, la plante mère produit des plantules-filles génétiquement identiques. Les populations sont donc clonales. Cette notion de clone est très importante car elle va servir de base pour la taxinomie.
Un point très important à retenir est que l'identité génétique ne signifie pas identité morphologique. L'environnement et le micro environnement agissent de manières différentes sur les plantules, pouvant entraîner des différences morphologiques (écomorphoses). Le travail le plus dur en taxinomie est de faire la part des choses entre écomorphoses et caractères non liés à l'environnement.
Au sein d'une population clonale on peut donc voir des différences importantes entre individus.
Pour couronner le tout, l'apomixie peut n'être que facultative ou bien obligatoire. Même dans ce dernier cas, un faible pourcentage de fécondation sexuée peut avoir lieu, donnant naissance à des hybrides rapidement fixés.
Principaux genres apomictiques
L'apomixie existe chez de nombreuses familles. On peut retenir les exemples les plus connus:
Au sein des Rosaceae, les genres Rubus, Potentilla et Alchemilla
Au sein des Plumbaginaceae, le genre Limonium
Au sein des Asteraceae, les genres Hieracium, Pilosella et Taraxacum
Au sein des Orchidaceae, le genre Gymnadenia (les Nigritelles)
Au sein des Rutaceae, le genre Citrus (apomixie facultative)
Taxinomie des groupes apomictiques
La reproduction clonale engendre des populations identiques et les mutations qui peuvent affecter les graines peuvent conduire à la formation de nouveaux clones qui se fixent également. La tentation de décrire tous les clones est grande.
Il faut bien comprendre que si le résultat nomenclatural est le même (inflation des noms), le process à l'oeuvre est très différent de ce qui a pu motiver la description d'innombrables espèces au sein d'autres genres (Rosa ou Ophrys). Dans ces deux derniers cas, c'est l'absence de barrières réelles entre les "espèces" qui conduit à la formation d'innombrables populations hybridogènes capables de se fixer. Chez les taxons apomictiques en revanche, les barrières existent puisque la reproduction n'est pas sexuée!
Deux options sont possibles pour la taxinomie des groupes apomictiques
[*] une optique lumper, consistant à regrouper les taxons en sections morphologiquement homogènes, ce qui permet de réduire le nombre d'espèces à des dimensions raisonnables (une 15 aine ou 20 aines pour les Taraxacum ou les Hieracium). Le problème est que généralement se découpage est artificiel (d'un point de vue génétique) comme semblent l'indiquer les premiers travaux sur la phylogénie des Taraxacum.
[*] une option splitter consistant à décrire tous les clones. C'est ce qui est fait pour les Taraxacum ou pour les potentilles du groupe collina. Le problème c'est qu'en pratique, certains clones n'occupent qu'un espace très réduit et la dénomination de tous les clones est quasi impossible. C'est pour cela que l'idée d'aire minimale de répartition du clone a été développée, cette aire étant dépendante du mode de dispersion des graines (elle sera plus importante pour un Taraxacum que pour un Limonium). C'est cette approche qui est actuellement privilégiée, bien que pour les personnes peu familières avec la taxinomie de ces groupes, l'approche par section soit amplement suffisante
N'hésitez pas à demander des précisions
Cordialement,
Je vais essayer de faire un petit topo sur les espèces apomictiques, en essayant notamment de présenter ce qu'on peut faire en terme de taxonomie et de découpage ou regroupage de clones en espèces. Le but est d'arriver à une systématique utilisable par tous, même si elle doit être à plusieurs niveaux.
Définition de l'apomixie
Il s'agit d'un mode de multiplication asexuée (différent en cela de l'autogamie ou de l'allogamie), sans fécondation et avec une méiose modifiée. On distingue plusieurs formes d'apomixie selon la manière dont la méiose est modifiée.
Conséquences de l'apomixie
Comme la reproduction est asexuée, la plante mère produit des plantules-filles génétiquement identiques. Les populations sont donc clonales. Cette notion de clone est très importante car elle va servir de base pour la taxinomie.
Un point très important à retenir est que l'identité génétique ne signifie pas identité morphologique. L'environnement et le micro environnement agissent de manières différentes sur les plantules, pouvant entraîner des différences morphologiques (écomorphoses). Le travail le plus dur en taxinomie est de faire la part des choses entre écomorphoses et caractères non liés à l'environnement.
Au sein d'une population clonale on peut donc voir des différences importantes entre individus.
Pour couronner le tout, l'apomixie peut n'être que facultative ou bien obligatoire. Même dans ce dernier cas, un faible pourcentage de fécondation sexuée peut avoir lieu, donnant naissance à des hybrides rapidement fixés.
Principaux genres apomictiques
L'apomixie existe chez de nombreuses familles. On peut retenir les exemples les plus connus:
Au sein des Rosaceae, les genres Rubus, Potentilla et Alchemilla
Au sein des Plumbaginaceae, le genre Limonium
Au sein des Asteraceae, les genres Hieracium, Pilosella et Taraxacum
Au sein des Orchidaceae, le genre Gymnadenia (les Nigritelles)
Au sein des Rutaceae, le genre Citrus (apomixie facultative)
Taxinomie des groupes apomictiques
La reproduction clonale engendre des populations identiques et les mutations qui peuvent affecter les graines peuvent conduire à la formation de nouveaux clones qui se fixent également. La tentation de décrire tous les clones est grande.
Il faut bien comprendre que si le résultat nomenclatural est le même (inflation des noms), le process à l'oeuvre est très différent de ce qui a pu motiver la description d'innombrables espèces au sein d'autres genres (Rosa ou Ophrys). Dans ces deux derniers cas, c'est l'absence de barrières réelles entre les "espèces" qui conduit à la formation d'innombrables populations hybridogènes capables de se fixer. Chez les taxons apomictiques en revanche, les barrières existent puisque la reproduction n'est pas sexuée!
Deux options sont possibles pour la taxinomie des groupes apomictiques
[*] une optique lumper, consistant à regrouper les taxons en sections morphologiquement homogènes, ce qui permet de réduire le nombre d'espèces à des dimensions raisonnables (une 15 aine ou 20 aines pour les Taraxacum ou les Hieracium). Le problème est que généralement se découpage est artificiel (d'un point de vue génétique) comme semblent l'indiquer les premiers travaux sur la phylogénie des Taraxacum.
[*] une option splitter consistant à décrire tous les clones. C'est ce qui est fait pour les Taraxacum ou pour les potentilles du groupe collina. Le problème c'est qu'en pratique, certains clones n'occupent qu'un espace très réduit et la dénomination de tous les clones est quasi impossible. C'est pour cela que l'idée d'aire minimale de répartition du clone a été développée, cette aire étant dépendante du mode de dispersion des graines (elle sera plus importante pour un Taraxacum que pour un Limonium). C'est cette approche qui est actuellement privilégiée, bien que pour les personnes peu familières avec la taxinomie de ces groupes, l'approche par section soit amplement suffisante
N'hésitez pas à demander des précisions
Cordialement,